La compréhension des processus biologiques dans les bassins à résidus de sables bitumineux pourrait faire diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
Dans la region des sables bitumineux de l’Athabasca, dans le nord-est de l’Alberta, se situe un gisement, enfoui sous 75 000 kilomètres carrés de forêt. On estime à environ 170 milliards de barils la réserve de pétrole brut, dont environ 20 % sont assez près de la surface pour être extraits, généralement au moyen d’un procédé à l’eau chaude.
L’exploitation minière commerciale a débuté dans cette région en 1967. L’augmentation de la récupération du bitume a aussi fait augmenter le stockage des déchets de l’extraction dans des aires de décantation appelées bassins à résidus. L’extraction quotidienne de 1,2 million de barils de brut produit 500 000 mètres cubes de déchets contenant de l’eau, du sable, de l’argile, des composés toxiques et du bitume résiduel qui émet des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Pour mettre un terme à l’expansion des bassins à résidus qui s’étendent maintenant sur 176 kilomètres carrés, des entreprises pétrolières mettent actuellement à l’essai des moyens mécaniques et chimiques pour accélérer le processus de décantation et, par extension, la remise en état éventuelle des terres. Pendant ce temps, des chercheurs universitaires, codirigés par
M. Gerrit Voordouw de l’Université de Calgary et Mme Julia Foght de l’Université de l’Alberta, se tournent vers la génomique pour trouver des solutions biologiques aux bassins à résidus, ainsi qu’à la corrosion des oléoducs et à l’acidification des réservoirs.
Au cours des quatre dernières années, ces scientifiques ont analysé 250 échantillons prélevés par quatre entreprises dans huit bassins à résidus. À partir de l’ADN de millions de microbes, ils ont établi le profil génomique de toutes les communautés microbiennes des bassins. Ils ont découvert que la communauté de chaque bassin est unique et composée de bactéries d’origine naturelle, mais que les principaux microorganismes sont semblables et qu’ils ont des processus biologiques en commun.
Les chercheurs veulent comprendre ces processus pour exploiter le potentiel génétique des microbes des bassins à résidus pour réduire la consommation d’eau et la superficie des terres utilisées, ainsi que leurs émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, ils savent maintenant que des organismes appelés méthanotrophes oxydent entre 20 % et 40 % de méthane dans la couche supérieure de nombreux bassins, réduisant ainsi naturellement les émissions. « Nous cherchons maintenant à améliorer ce rendement », explique M. Voordouw.
La documentation des activités dans ces communautés microbiennes a déjà permis aux chercheurs de rassurer une entreprise pétrolière que la fermeture d’un de ses bassins à résidus pouvait se faire en toute sécurité.
Le scientifique principal de Suncor, M. Joseph Fournier, affirme que ces recherches sont « irréfutablement bénéfiques » pour l’industrie pétrolière.Il cite en exemple l’équipe de M. Voordouw « qui a porté à notre attention lefait que la production de sulfures dans les bassins était très avancée, plusque prévu. Cette connaissance nous a permis de poursuivre les travaux depréparation en vue de l’atténuation des risques ».
Août 2014