Nous ne sommes qu’en avril et déjà, 2020 s’annonce comme une année qui entrera dans l’histoire. Beaucoup de choses ont changé en une très brève période et cette perturbation a créé toute une onde de choc – et c’est là un euphémisme. Partout dans le monde, les pays ont mis en œuvre des mesures sanitaires sans précédent et nous ne savons pas encore comment nous nous rétablirons des points de vue économique, social et mental. Il est certain néanmoins qu’il faudra du temps et des ressources.
Tout comme moi, peut-être avez-vous aimé vos promenades à l’extérieur et l’observation tranquille des signes de l’arrivée du printemps (oui, même à Ottawa). Le rythme immuable de la vie qui émerge d’un autre hiver canadien est réconfortant dans un contexte d’incertitude. Ici, la neige a (presque) disparu et je vois partout des signes de renaissance. Le chef de cet orchestre annuel est l’acide désoxynbonucléique – l’ADN, cette extraordinaire molécule qui aide à déterminer les caractéristiques de tous les êtres vivants.
Demain, 25 avril est aussi le Jour de l’ADN.
La découverte de la structure chimique en double hélice de l’ADN en 1953 est l’une des découvertes scientifiques les plus remarquables qui soient. Elle nous a ouvert les yeux sur tant de connaissances à acquérir : le fonctionnement possible des gènes, leur transmission fidèle d’une génération à l’autre et la façon dont la réplication peut engendrer des mutations au cœur de l’évolution par la sélection naturelle. Cette découverte a carrément amorcé l’ère de la biologie moléculaire. Notre compréhension du fondement moléculaire de la vie a depuis progressé à pas de géant et nous avons acquis des connaissances et des outils puissants, notamment la capacité de lire – et d’interpréter – l’intégralité de l’ADN d’un organisme, son génome.
Nous mettons cette capacité à l’œuvre. La génomique produit une puissante information qui améliore notre bien-être et nos économies. Elle est au cœur des soins de santé de précision, de l’agriculture moderne, des technologies propres et d’une bonne part de l’assainissement de l’environnement. Elle s’avère d’ailleurs un outil indispensable dans la lutte contre la COVID-19.
Face à cette pandémie, les chercheurs étudient d’urgence diverses approches pour comprendre le génome du nouveau coronavirus, son interaction et son comportement chez les humains. Dans la communauté scientifique, nous utilisons ces connaissances pour colliger de vastes ensembles de données et élaborer de meilleures stratégies de tests et de thérapies. En même temps, nous apprenons à mieux connaître les aspects vulnérables de nos économies, de nos systèmes de santé et de nos mesures de soutien social.
La génomique est à la base même de ces nouvelles connaissances et c’est ce qui explique que Génome Canada ait réagi si vite pour contribuer à l’effort pour maîtriser la COVID-19. En collaboration avec les six centres de génomique régionaux, nous avons lancé des possibilités de financement pour une intervention de recherche rapide et créé le RCanGéCO, un réseau national d’éminents chercheurs en génomique, d’organismes de la santé publique et de centres de séquençage de gènes axés sur la production et l’analyse des données des séquences humaines et virales liées à la COVID-19. Nous travaillons en étroite collaboration avec d’autres organisations et initiatives qui se retrouvent au carrefour de la recherche et de la santé publique. Nous sommes convaincus que l’ingéniosité canadienne contribuera à trouver une solution efficace aux difficultés que nous devons résoudre.
Nous continuerons de travailler avec acharnement pour que les sciences demeurent au centre des solutions urgentes dont nous avons besoin maintenant et de celles qui nous aideront à rebâtir notre économie, notre société et nos systèmes de santé.
Il est évident que les événements de 2020 changeront nos vies. Nous relèverons ce défi avec la même détermination et les mêmes efforts que ceux que nous avons déployés lorsque nous avons relevé d’autres défis par le passé (et que nous déploierons pour en relever de nouveaux à l’avenir). J’espère que si parfois, tout cela vous paraît nous submerger (c’est ce qui arrive), vous regarderez l’arrivée timide, mais indéniable du printemps et vous vous rappellerez que malgré tout, la vie persiste. C’est dans notre ADN.