Pour le 150e anniversaire du Canada, une équipe de chercheurs a voulu redonner à la collectivité en cartographiant le génome du castor canadien, ce symbole de notre pays.
Comme tant d’éclairs de génie en science, ce projet a servi plusieurs objectifs. Personne n’avait encore jamais cartographié le génome du castor canadien; la méthode de séquençage utilisée allait approfondir les connaissances sur les indices génétiques de certaines maladies et de certains troubles; le projet exerçait un attrait exceptionnel et survenait à un excellent moment pour joindre un vaste auditoire; et il constituait le moyen idéal pour des chercheurs canadiens en génomique de souligner le 150e anniversaire du pays.
Lorsque Stephen Scherer, Ph. D., directeur du Centre for Applied Genomics de l’Hôpital pour enfants malades de Toronto, et son collègue, Si Lok, Ph. D., ont décidé de cartographier le génome de cet animal emblématique du Canada, ils avaient en partie pris le pari patriotique de veiller à ce qu’aucune équipe de généticiens d’un autre pays n’en ait l’idée avant eux dans l’enthousiasme mondial pour la cartographie des génomes de tous les êtres vivants, depuis les aphidés jusqu’aux zèbres.
« La méthode de séquençage de novo, utilisée la première fois pour séquencer le génome du castor, nous donnera, lorsque nous l’utiliserons pour les humains, de meilleurs indices des liens génétiques avec le trouble du spectre de l’autisme et peut-être d’autres troubles et maladies. »
– Stephen Scherer, Ph. D., directeur, The Centre for Applied Genomics
Les chercheurs auraient pu choisir n’importe quel mammifère pour mettre à l’essai leur nouvelle méthode de séquençage de novo, mais ils ont choisi Ward, un castor de 10 ans qui vit au Zoo de Toronto et compagnon de June (clin d’œil aux Cleaver, rendus célèbres dans la série Leave It To Beaver) en raison de sa valeur symbolique. Cette méthode de séquençage permet aux chercheurs de constituer une carte génétique à partir de zéro au lieu de faire concorder une carte partielle avec un génome de référence. Les résultats, publiés dans le numéro en ligne de G3: Genes | Genomes | Genetics en janvier 2017, sont extrêmement prometteurs pour la recherche sur les marqueurs génétiques de certaines maladies et de certains troubles parce que la cartographie de novo permet aux chercheurs de trouver de nouveaux types de variations génétiques que les technologies actuelles ne révèlent pas.
M. Scherer, également professeur au Département de génétique moléculaire et directeur du McLaughlin Centre à l’Université de Toronto, est l’un des chercheurs les plus respectés du monde. En 2014, Intellectual Property & Science, une division de Thomson Reuters, en a fait son lauréat des citations en physiologie ou en médecine – une distinction de l’envergure des prix Nobel. Génome Canada a financé son projet sur le génome de l’autisme, une initiative sans précédent qui réunit des généticiens, des cliniciens et de grands chercheurs canadiens en génomique dont les travaux portent sur l’autisme et qui fait le lien avec 170 autres chercheurs de 10 autres pays du monde.
Même si le séquençage du génome du castor canadien peut sembler l’expérience scientifique la plus étrange jamais entreprise, le projet très sérieux pourrait changer la vie de millions de familles touchées par l’autisme et d’autres troubles et maladies, dès maintenant et dans le futur. Il a également servi à sensibiliser le public et à intéresser les citoyens au séquençage.
« J’ai entendu plus de 200 Canadiens, dont certains vivent aux États-Unis, dire combien ils sont fiers que le génome de Castor canadensis ait été réalisé au Canada, a dit M. Scherer. C’est notre emblème national, notre patrimoine, il nous revenait de décoder ce qui nous appartient. »
Le Centre for Applied Genomics de l’Hôpital pour enfants malades de Toronto a effectué le séquençage du castor, en partenariat avec l’Institut ontarien de recherche sur le cancer, le Musée royal de l’Ontario, l’Université de Toronto et le Zoo de Toronto. Le Centre for Applied Genomics est l’une des dix plateformes canadiennes de technologies génomiques financées par Génome Canada. (Depuis 2000, Génome Canada a investi plus de 30 millions de dollars au Centre for Applied Genomics grâce auxquels ce dernier a pu obtenir plus de 9,8 millions de dollars en cofinancement.)