La recherche de pétrole au fond de l’océan est un défi qui relève de l’aiguille dans une botte de foin, mais les bactéries qui consomment les hydrocarbures peuvent aider à cibler des lieux de forage prometteurs.
Le talus Néo-Écossais, une surface de 160 000 kilomètres carrés de fond marin au sud de la Nouvelle-Écosse est une zone attrayante, mais difficile pour l’exploration pétrolière. L’industrie énergétique a investi 37 milliards de dollars dans l’exploitation extracôtière dans la région de l’Atlantique au cours des deux dernières décennies, mais on sait peu de choses de ce qui se trouve au-delà du talus Néo-écossais, ce qui rend la recherche de sites de forage longue et coûteuse.
Grâce à un partenariat du ministère de l’Énergie de la Nouvelle-Écosse et du Groupe de géomicrobiologie de l’Université de Calgary, les entreprises d’exploration pourraient être orientées dans la bonne direction par de minuscules aides. Une cuiller à café de sédiments du fond océanique contient environ un milliard de bactéries. Certaines d’entre elles « mangent » les hydrocarbures et peuvent indiquer la présence de pétrole sous la surface et aider ainsi à cibler des endroits prometteurs pour le forage de puits d’essai.
« Nous utilisons la génomique pour effectuer un “recensement” des microorganismes dans des échantillons de sédiments du fond marin, dit le dirigeant du Groupe de géomicrobiologie, Casey Hubert, Ph. D. L’ADN nous renseigne sur la composition de cette population. Une forte proportion des bactéries spécialisées qui dégradent les hydrocarbures pourrait indiquer la présence souterraine d’un gisement pétrolifère. Si les données génomiques, géophysiques, chimiques et sismiques concordent, ce pourrait être un endroit de prédilection pour le pétrole. »
Les travaux sur le terrain de ce projet ont commencé l’été dernier à bord du Hudson, un navire de la Garde côtière canadienne. Les carottes de forage ont été prélevées à des profondeurs atteignant 2 500 mètres. Certaines ont été analysées dans un laboratoire à bord du Hudson; d’autres ont été envoyées à l’Université de Calgary. Cet été, l’un des objectifs de la saison sur le terrain, explique M. Hubert, est de tenter d’effectuer plus de recherche génomique à bord du navire pour que ce dernier puisse rapidement retourner à un endroit précis si les résultats sont intéressants.
En plus des bactéries aérobies et anaérobies (qui, respectivement, ont besoin et n’ont pas besoin d’oxygène pour croître), M. Hubert s’intéresse aux bactéries thermophiles qui, croit-on, montent à la surface du fond océanique avec les hydrocarbures. Ces thermophiles préfèrent les températures élevées et sont inactifs jusqu’à ce que des échantillons de sédiments soient chauffés, ce qui indique le potentiel de gisement de pétrole chaud loin sous le fond marin. L’équipe espère que la combinaison des données sur les trois types de bactéries contribuera à brosser un tableau plus complet.
« C’est une recherche de pointe qui exige beaucoup d’intégration, dit Adam MacDonald, un géophysicien pétrolier du ministère de l’Énergie de la Nouvelle-Écosse. Je suis optimiste quant à son utilité. Tout le monde essaie de trouver l’emplacement idéal, mais nous avons une énorme région géographique et c’est pourquoi nous pouvons utiliser la génomique pour réduire le risque. »