Les matériaux biocomposites faits à partir de la fibre de lin métisse pourraient fournir au secteur de l’automobile et à d’autres des pièces plus légères, plus solides et biodégradables.
Les véhicules utilitaires urbains hybrides (essence et électricité) des modèles GO-4 et GO-4 EV de 1,3 m de large, fabriqués par Westward Industries de Winnipeg, sont des véhicules qui conviennent parfaitement aux organismes d’application des règlements de stationnement, aux services de police, aux aéroports et à divers autres usagers. Ils pourraient devenir encore plus efficaces grâce à un projet novateur qui vise à remplacer le compartiment en aluminium et en acier où s’assoit le conducteur par une « cuve » construite à l’aide de matériaux biocomposites plus légers, plus solides, insonores et biodégradables.
« C’est une situation gagnante à tous les égards, dit Stefano Franz, président de Westward Industries. Ces matériaux accéléreront le processus de fabrication et aideront l’environnement. Les pièces métalliques peuvent être recyclées, mais exigent beaucoup d’énergie. La réduction du poids améliore en outre l’efficacité énergétique. »
Le Canada est le chef de file mondial de la production de lin. La tige de la plante produit une fibre très solide pour laquelle il y a peu de demande, une fois les graines extraites. Il y a cinq ans, dans le cadre d’un projet financé par Génome Canada, les chercheurs de l’Université de l’Alberta ont élucidé le code génétique du lin. Ces progrès ont ouvert la voie au projet FiCoGEN (Matériau composite à base de fibres et génomique de la biomatrice), dans le cadre duquel le lin et d’autres fibres biologiques sont alliés à une résine naturelle pour fabriquer des biocomposites destinés à des utilisateurs tels que Westward Industries qui pourraient produire un prototype de son nouveau véhicule d’ici l’automne.
La résine vient du laboratoire de David Levin, professeur au Département de génie des biosystèmes de l’Université du Manitoba et le chercheur universitaire responsable de FiCoGEN. M. Levin et son groupe ont utilisé une nouvelle bactérie qui croît sur les sous-produits « déchets » de la production du biodiesel pour fabriquer un polymère biodégradable. « Si nous pouvons utiliser les résidus pour produire ces polymères, dit-il, nous aurons bouclé la boucle et amélioré les choses, en les rendant plus efficientes pour la planète. »
Le projet est chapeauté depuis le début par le Composites Innovation Centre (CIC) de Winnipeg, une société sans but lucratif qui finance la R-D et la commercialisation des biocomposites. Ces matériaux sont faits à partir de fibres de lin et de chanvre; ces derniers sont cultivés au Canada et nécessitent très peu d’herbicides, de pesticides et d’irrigation. Leurs fibres pourraient remplacer la fibre de verre dans les secteurs de l’automobile, de l’aérospatiale et du transport maritime, dit le président et chef de la direction du CIC, Sean McKay. Alliée au ciment, la fibre pourrait également servir de matériau de construction.
« La collection mondiale de base compte plus de 500 variétés de lin, dit M. McKay. La génomique nous aide à comprendre les différentes variétés pour ainsi choisir et croiser celles qui possèdent les propriétés qui conviennent le mieux à la production d’une fibre industrielle de qualité supérieure, tout en continuant de produire des oléagineux de qualité. »
Août 2016