Génome Canada a participé aux côtés de leaders canadiens et mondiaux à la 15e Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique, tenue à Montréal du 7 au 14 décembre derniers, afin de renforcer notre approche collective à la résolution du défi de la biodiversité.
Des gouvernements du monde entier se sont réunis à la COP15 pour s’engager à réaliser un nouvel ensemble de quatre objectifs et de 23 cibles qui guideront l’action mondiale afin d’inverser le déclin de la nature d’ici 2030 : ce cadre vise à protéger 30 % des terres et des océans de la planète. Il faut maintenant s’attaquer au dur travail de la mise en œuvre.
La génomique oriente déjà les efforts de conservation et les politiques dans le monde. Elle jouera un rôle central dans la mise en œuvre efficace du cadre établi à la COP15.
Saviez-vous que la génomique facilite la mise au point d’outils et de solutions indispensables à la surveillance de la biodiversité et à la mise en œuvre de stratégies de conservation efficaces? Cette technologie peut être utilisée pour identifier les marqueurs de la biodiversité, atténuer les impacts d’origine humaine sur l’environnement et renforcer la résistance aux changements climatiques. Une profonde collaboration et des partenariats intersectoriels sont essentiels pour freiner et inverser la perte de biodiversité.
DISCUSSIONS DE LA COP15 QUI ONT RETENU NOTRE ATTENTION
QU’EST-CE QUE L’ISN ET POURQUOI EN A-T-ON PARLÉ À LA COP15?
L’information de séquençage numérique (ISN) désigne les données de séquençage génomique et d’autres données numériques connexes telles que la séquence d’ADN d’un organisme. Ces données ont révolutionné les sciences biologiques et permis des percées remarquables dans les domaines de la santé, de l’alimentation, de l’agriculture et de la durabilité environnementale. Notre façon d’utiliser et d’échanger ces données a de grandes répercussions sur la réponse du Canada et du reste du monde à la perte de biodiversité : un sujet de discussion dominant à la COP15.
La pandémie de COVID-19 illustre l’importance des données génomiques pour notre santé et notre bien-être. La génomique n’a pas seulement permis de mettre rapidement au point des vaccins contre la COVID-19. Les données de séquençage génomique d’échantillons de SRAS-CoV-2 nous ont permis de suivre et de comprendre la propagation de la pandémie et des nouveaux variants préoccupants. Les données produites par le séquençage des génomes de personnes atteintes de la COVID-19 ont également permis aux chercheurs de comprendre l’impact du virus sur différentes populations (pour en savoir plus le Réseau canadien de génomique COVID-19 dirigé par Génome Canada, cliquez ici).
Sans l’amélioration des normes et de la collaboration pour l’échange des données génomiques, le Canada et la communauté mondiale n’auraient pas pu utiliser cette information de séquençage génomique pour orienter leur réponse à la COVID-19.
Par ailleurs, l’élaboration de normes nationales et internationales sur l’accès et le partage des avantages des ressources génétiques est essentielle à la mise au point de solutions efficaces et équitables pour la conservation de la biodiversité.
Voyez cette explication A+ sur l’ISN et les ressources génétiques (en anglais seulement):
L’ISN dans l’accord final de la COP15:
L’ISN figure parmi les grands objectifs et cibles d’action décrits dans le Cadre mondial Kunming-Montréal (CMB), convenu à la COP15.
- « OBJECTIF C : Les avantages monétaires et non monétaires découlant de l’utilisation des ressources génétiques et de l’information de séquençage numérique sur les ressources génétiques, ainsi que des connaissances traditionnelles associées aux ressources génétiques, selon le cas, sont partagés de manière juste et équitable, y compris, le cas échéant, avec les peuples autochtones et les communautés locales, et augmentent considérablement d’ici à 2050, tout en veillant à ce que les connaissances traditionnelles associées aux ressources génétiques soient protégées de manière appropriée, contribuant ainsi à la conservation et à l’utilisation durable de la biodiversité, conformément aux instruments d’accès et de partage des avantages convenus au niveau international. »
- Cible 13 : Prendre des mesures juridiques, politiques, administratives et de renforcement des capacités efficaces à tous les niveaux, selon qu’il conviendra, pour assurer le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques et des informations de séquençage numérique sur les ressources génétiques, ainsi que des connaissances traditionnelles associées aux ressources génétiques, et faciliter un accès approprié aux ressources génétiques, et d’ici à 2030, faciliter une augmentation significative des avantages partagés, conformément aux instruments internationaux applicables en matière d’accès et de partage des avantages. »
- Les délégués à la COP15 ont convenu de prévoir dans le CMB d’établir un fonds multilatéral pour le partage équitable des avantages entre les fournisseurs et les utilisateurs de l’ISN, qui sera achevé à la COP16 en Turquie, en 2024.
- En plus du CMB, les délégués à la COP15 ont approuvé une série d’accords connexes de mise en œuvre, y compris un sur l’information de séquençage numérique sur les ressources génétiques.
Il est important de noter que l’accord intègre les droits concernant les données autochtones, reconnaissant ainsi les principes FAIR (données faciles à trouver, accessibles, interopérables et réutilisables, et leurs sous-principes respectifs) et CARE (avantage collectif, autorité en matière de contrôle, responsabilité et éthique, et leurs sous-principes respectifs).
MISER SUR NOS FORCES
Dans la perspective de l’après-COP15, le Canada peut compter sur d’immenses forces en génomique de la biodiversité, entre autres plus de deux décennies d’investissements stratégiques par l’entremise de Génome Canada.
Par exemple, iTrackDNA utilise l’ADN environnemental (ADNe) pour appuyer les décisions de gestion des ressources naturelles des collectivités canadiennes, des peuples autochtones, des industries et des organismes de réglementation qui ont besoin de renseignements opportuns et pertinents sur les risques et les répercussions des activités humaines, en particulier dans le contexte des changements climatiques (en anglais seulement).
La technologie de l’ADNe appuie également l’économie bleue du Canada atlantique, fournissant ainsi des données précises sur la biodiversité des espèces marines (en anglais seulement).
Comme on l’a souligné pendant la COP15, le savoir, le leadership et l’engagement des Autochtones sont indispensables à la durabilité environnementale.
Des initiatives comme le Projet de génomique intégrée du bison (GIB), qui vise à protéger une espèce de grande importance symbolique et culturelle de nombreuses communautés autochtones et des Premières Nations, travaillent en collaboration avec ces dernières, l’industrie, les universités et les gouvernements afin de mettre à profit la génomique aux fins de la conservation.
Entretemps, le programme de stages d’été en génomique à l’intention des peuples autochtones (Summer Internship for INdigenous Peoples in Genomics) (SING Canada) s’attaque de front au problème persistant et pressant de la faible représentation des Autochtones dans le domaine de la génomique en offrant des services de mentorat et de formation novateurs, pertinents sur le plan culturel et dirigés par des Autochtones.
À la COP15, Génome Québec a également présenté son action publique sous le thème de la génomique et de la biodiversité, en réunissant des personnes de tous âges pour comprendre la science qui favorise la durabilité de l’environnement pour les générations futures.
La dirigeante scientifique en chef de Génome Canada, la Dre Catalina Lopez-Correa, a présenté d’autres de nos investissements stratégiques en biodiversité pendant sa prise en charge de notre compte Twitter à la COP15.
L'AVENIR
Génome Canada et les centres de génomique régionaux (l’Entreprise canadienne de la génomique) continueront de renforcer leur impact pour protéger la biodiversité, en misant sur nos investissements stratégiques dans les projets à grande échelle en génomique et en biodiversité, notamment le Canada BioGenome Project, iTrackDNA et BIOSCAN. Ces projets ont acquis des données et mis au point des normes et des outils précieux, indispensables à l’avancement du recours à la génomique pour nous aider à comprendre et à préserver la biodiversité au Canada et ailleurs dans le monde.
En nous appuyant sur le leadership du Canada en tant qu’hôte de la COP15 et notre participation à cet événement, nous travaillons en étroite collaboration avec les chercheurs financés par l’Entreprise canadienne de la génomique pour approfondir les collaborations visant à établir un réseau ou un centre de génomique de la biodiversité au Canada.